Part de la population concernée par l’inceste

En l’an 2000, la première enquête de victimisation réalisée en France, l’Enquête nationale sur les violences vers les femmes en France (ENVEFF), confirme que les violences sexuelles subies par les femmes se produisent principalement durant l’enfance et l’adolescence, majoritairement dans la famille ou de l’entourage proche. Autrement dit, l’auteur de violence sexuelle est le plus souvent une personne connue de la victime.

En novembre 2020, une étude de l’Ipsos « Face à l’inceste » nous apprend qu’ « 1 Français sur 10 déclare avoir été victime » au cours de son enfance ou de son adolescence d’inceste, soit 6,7 millions de victimes.  Parmi eux, 78% des victimes sont des filles et 22% des garçons. »

Ce qui représente 2 à 3 enfants par classe.

Source : http://aivi.fr/doc/Ipsos_Face_a_l’inceste_Rapport.pdf (2020)

Le rapport Les violences sexuelles à caractère incestueux sur mineur.es s’inscrit dans le cadre du 1er plan interministériel de mobilisation et de lutte contre les violences faites aux enfants 2017-2019. Il vise à faire un bilan des savoirs relatifs à l’inceste. Il se décline en six parties. La première partie est socio-historique. Partant des conceptions religieuses et de l’histoire de l’inceste, elle va jusqu’à examiner les représentations sociales liées au viol et à l’inceste, interroge la vision du père (du « bon » père) dans la société française. La deuxième partie est consacrée à l’inceste dans le droit pénal positif, la troisième partie, revient sur les principales enquêtes de victimisations et leurs apports. La quatrième partie s’intéresse aux conséquences du développement cérébrale et psychologique des violences sexuelles intrafamiliales sur les enfants et adolescents. L’avant-dernière partie dresse un bilan de l’efficacité des formes de thérapies psychologiques existantes pour accompagner les victimes, interroge l’accompagnement de l’entourage ainsi que la prise en charge de l’auteur de violences sexuelles. Le rapport se termine en proposant cinq pistes de réflexion :

  • L’approfondissement des connaissances en lien avec des professionnelles de la protection de l’enfance, de la santé et du soin
  • Comprendre l’articulation de l’inceste avec les autres violences
  • Développer la sensibilisation t la prévention qui inclut la déconstruction des mythes relatifs aux violences sexuelles sur enfant ;
  • Développer les formations initiales et continues des professionnels en intégrant les recherches ;
  • Améliorer la prise en charges, des victimes, des familles et des auteurs de violences sexuelles ainsi que les recherches concernant la prise en charge de ses publics, tout en développant les réseaux d’acteurs.

N.B. : Le 1er plan interministériel de mobilisation et de lutte contre les violences faites aux enfants 2017-2019 a été suivi d’un deuxième plan pour la période 2019-2022. Lire le Plan de lutte contre les violences faites aux enfants 2023-2027.

Interview de la rédactrice de l’enquête.

L’enquête Violences sexuelles durant l’enfance et l’adolescence : des agressions familiales dont on parle peu de l’INED, publiée en 2023, donne un pourcentage plus faible. « Au total, 4,6 % des femmes et 1,2 % des hommes interrogés rapportent des violences incestueuses avant l’âge de 18 ans ». Si l’on ajoute les violences sexuelles commises par une personne autre qu’un membre de la famille, « 13,0 % des femmes et 5,5 % des hommes » sont concernés. Lorsque l’agresseur est un membre de la famille, 54,8% des passage à l’acte ont lieu avant les 11 ans de la victime pour les filles et 60,6% pour les garçons.

Tous les milieux sociaux sont concernés.

La Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants (CIIVISE), créée en janvier 2020, confirme dans son rapport Violences sexuelles : protéger les enfants la jeunesse des victimes lors de la première agression : « L’âge médian aux premières violences sexuelles intrafamiliales est de 7 ans pour les filles et de 8 ans pour les garçons tandis qu’il est de 12 ans pour les filles et les garçons quand les violences sont commises dans l’espace public ».