Les unions incestueuses existent dans différentes mythologies
Pour aller plus loin
Philippe Brenot, « Au commencement était l’inceste », Le Monde, 23 décembre 2022.
Mythologie grecque :
Héra et Zeus sont frères et sœurs ;
Hadès est l’oncle de Perséphone (elle-même fille de Déméter et Zeus qui sont des adelphes).
Les unions incestueuses sont courantes dans les mythologies polythéistes. Toutefois, elles tentent d’unir des contraires comme dans le cas de Shou et Tefnout. Elles n’apparaissent pas comme un interdit. Cette tolérance est expliquée ici.
L’Ancien Testament :
• Les enfants d’Adam et Eve sont frères et sœurs. D’après l’Ancien Testament, ils seraient à l’origine de l’humanité.
• Loth et ses filles : l’inceste commis est posé comme un interdit.
• Abraham épouse sa demi-sœur Sarah.
• Isaac et Rebecca sont cousins.
• Amnon viole Tamar, sa sœur.
• Lévitique 18 : formule une série d’interdits.
Pour aller plus loin
Le Coran reprend les mêmes interdits que l’Ancien Testament :
« Vous sont interdites vos mères, filles, sœurs, tantes paternelles et tantes maternelles filles d’un frère et filles d’une sœur, mères qui vous ont allaités, sœurs de lait, mères de vos femmes, belles-filles sous votre tutelle et issues des femmes avec qui vous avez consommé le mariage ; si le mariage n’a pas été consommé, ceci n’est pas un péché de votre part ; les femmes de vos fils nés de vos utérus ; de même que deux sœurs réunies » (Sourate 4 verset 23)
« Dans la Perse antique, l’Égypte antique ou l’Empire inca, par exemple, l’inceste entre parents et enfants était strictement interdit, mais l’union d’un frère et d’une sœur était, au contraire, le mariage le plus valorisé socialement et religieusement», Maurice Godelier (Le Monde, 26 mars 2021).
Pour les historien.ne.s Lydie Bodiou et Michel Briand, les mythes et histoires héroïques servent à justifier les pratiques violentes. On ne s’oppose pas au père ou au mari, comme Perséphone n’a pas la possibilité de s’opposer à Hadès.
Pour aller plus loin
D’une société à l’autre, d’une époque à l’autre, les conceptions de l’inceste évoluent.
D’autre part, dans les civilisations gréco-latines, les femmes sont infériorisées. Elles sont des éternelles mineures, n’ont aucun droit, ne sont pas des citoyennes. Le Paterfamilias a tous les droits sur les membres de la maisonnée, y compris celui de vie et de mort. Cette conception de la famille va influencer pendant le nombreux siècles le droit de la famille en France.
Ces histoires restent de notre imaginaire contemporain et sont repris par la littérature.
Gros plan sur
Hadès et Perséphone ou la romantisation de l’inceste ?
Dans le roman de Scarlett St. Clair, Perséphone est décrite comme une jeune fille en quête d’indépendance par rapport à sa mère. Les liens de parenté entre Perséphone et Hadès ne sont pas précisés. Le dieu de la mort fascine les différents protagonistes. Dans le mythe, seul le point de vue de Déméter est donné. Elle arrête son devoir de déesse en raison de son désespoir. D’une certaine manière, dans le mythe, Déméter représente les mères protectrices qui ne sont pas entendues par la justice et qui doivent continuer d’envoyer leur enfant à une personne qui les violente. Le point de vue de Perséphone qui se retrouve balancée entre sa mère et son mari par son père, Zeus.
Enlever les filles (Perséphone comme les Sabines) devient une des manières de conclure des alliances durant l’Antiquité grécolatine, un arrangement entre hommes. Rappelons que Zeus ne recule devant aucun stratagème pour « séduire » des femmes y compris en les trompant sur son identité. Pour illustration, il se transforme en Artémis, sa fille, pour violer la nymphe Callisto, laquelle est transformée en ourse par Héra pour se venger de l’infidélité de Zeus. Cette histoire donne naissance au mythe de la grande et de la petite ourse. Exclue du monde des humains, la victime, Callisto, est doublement punie lorsque Héra demande à Poséidon de la séparer, dans le ciel, de son fils, par un serpent.
Pour aller plus loin sur le mythe