831 notices dans le catalogue de la BNF au 19 août 2023
• dont 543 depuis 2000 (soit 65% du corpus)

Les historien.ne.s notent l’utilisation d’euphémismes pour désigner l’inceste tels que « subir les derniers outrages » aussi bien dans les comptes-rendus judiciaires que dans les chroniques populaires.

Témoignages : dénoncer les violences

Dans la littérature classique

Sophocle, Œdipe Roi
Racine, Phèdre
Shakespeare, Hamlet
Supplice d’un frère et d’une sœur décapités en grève pour adultère et inceste (1604) – Consultable sur Gallica
George Sand, La Petite Fadette(1849)
Maupassant (pseudonyme Maufrigneuse) « M. Jokaste » – Gil Blas (1883)
Rosny, L’Immolation (1887)
Emile Zola, La Terre (1887)
Maupassant, Le Port(1889)
Paul Bourget, Le Fantôme (1900)
Valentine de Saint-Point, Trilogie de l’amour et de la mort. Un Inceste (1907)
Guillaume Apollinaire, Les exploits d’un jeune Don Juan(1911)
Guillaume Apollinaire, La Rome des Borgia. Le Pape Alexandre VI entre sa maîtresse et ses deux fils. César et Lucrèce. La fiancée de Jésus-Christ. Orgies cardinalices. Poison et inceste. Les bas-fonds de la Rome des Borgia: ouvrage orné de huit illustrations hors texte (1914)
André Chamson, Crime des justes (1928)
Roger Martin du Gard, Confidence africaine (1931)
Marc Lanval, L’Inceste, ou les Amours maudites (1951)
Hervé Bazin, Qui j’ose aimer (1955)

Témoignages d’inceste subi (liste non exhaustive)

Toni Morrison, L’œil le plus bleu (1970)
Anaïs Nin, La Maison de l’inceste (1975)
Eva Thomas, Le viol du silence (1986)
Christiane Rochefort, La Porte du fond (1988)
Yvonne Bellenger, La méprise: histoire d’un inceste innocent: roman (1993)
Niki de Saint Phalle, Mon secret (1994)
Claude Ponti, Les pieds bleus (1995)
Jane Hervé, La cassure de l’inceste (1997)
Thierry Lenain, La fille du canal (1997) – jeunesse
Christine Angot, L’Inceste (1999), Une semaine de vacances (2012), Un amour impossible (2015)
Claire Mazard, Maman les p’tit bateaux (1999) – jeunesse
Thierry Lenain, Maudit corbeau (2001) – jeunesse
Amélie Sarn, Elle ne pleure pas, elle chante (2002)
Catherine Allégret, Un monde à l’envers (2004)
Solian Ian, Le crayon de papa (2004) – jeunesse
Isabelle Aubry, La première fois, j’avais 6 ans (2008)
Pierre Gibelin, Envers et contre tous une histoire d’inceste (2009)
Élodie Pierron, Enfance volée (2014)
Cécile B., Le Petit vélo blanc (2015)
Dalila Heuse, La pudeur des sentiments (2016)
Sophie Chauveau, La fabrique des pervers (2016)
Eva Ionesco, Innocence (2017)
Joyce Carol Oates, Daddy Love (2017)
Anonyme, Jours d’inceste (2017)
Terrie O Brian, Je n’étais qu’une petite fille (2018)
Mathilde Brasilier, Le jour, la nuit, l’inceste (2019)
Martine Tardy Pierretta, L’inceste de nos vies (2019)
Alexandra Dezzi, La colère (2020)
Camille Kouchner, La Familia Grande (2021)
Charlotte Pudlowski, Ou peut-être une nuit- Inceste : la guerre du silence (2021)
Careine Moues, La prison de l’inceste (2022)
Monia Ben Jémia, Les siestes du grand-père (2022)
Sandrine Beau, La porte de la salle de bain (2023) – jeunesse
Neige Sinno, Triste tigre (2023)
Elisabeth Brami, Je ne suis pas le doudou de papa (2023)- jeunesse

Grâce à ces récits, les victimes disent, prennent la parole et reprennent le pouvoir (empowerment/empouvoirement)

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Quelques témoignages vidéos :

La littérature jeunesse, un moyen de prévention ?

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Dans cet article, Marie-Claire Hubert analyse les récits de quatre romans jeunesses portant sur l’inceste :

  • La porte de la salle de Bain de Sandrine Beau ;
  • Les longueurs de Claire Castillon ;
  • Petite fille dans le noir de Suzanne Lebeau ;
  • L’instant de la fracture d’Antoine Dole.

Elle identifie des points communs qui marque les récits et la vie des victimes : la mise en mot du traumatisme du point de vue de la victime, les obstacles rencontrés pour rompre le silence. Du moment de sidération face à la violence, dissociation psychique ou clivage, peur de nouvelles violences et imposition du silence, difficulté à dire, colère, sentiment d’injustice, sentiment d’abandon, conséquences traumatiques dont l’anorexie ou la boulimie, les conséquences sur la vie amoureuse et sexuelle des victimes (confusion des sentiments), emprise qui perdure, menaces, manipulations, comment briser le silence.

L’auteur des violences apparait parfois comme un sauveur au début, se font apprécier par les mères, puis montre son vrai visage.

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L’autrice reprend à son compte une citation de Nathalie Le Prince dans son introduction : « les albums eux aussi réservent parfois aux petites mains qui les ouvrent un esthétisme violent, parfois outrancier, démesurément coloré ou avec des images qui soulèvent le dégoût, l’indignation, la peur, la colère, pour soulever des tabous, pour que les enfants sachent… » (Nathalie Prince, « Chapitre 2. La littérature de jeunesse aujourd’hui : il était une fois un livre… (1970-2020) », La littérature de jeunesse, Paris, Armand Colin, « Hors collection », 2021, pp. 83-116.)

Ces récits de dévoilement débutent soit par l’agression sexuelle soit la décision du protagoniste de dire « non » et présentent :

  • L’agression sexuelle et sa violence. Celle-ci est représentée en ayant recours à des couleurs spécifiques ;
  • Les conséquences de l’agression ;
  • Les émotions complexes qui traversent le ou la protagoniste-victime dont le point de vue ainsi que son vécu sont présentés ;
  • Solitude de l’enfant-victime qui est jeune et vulnérable ;
  • L’agresseur sexuel est présenté comme un loup, un prédateur comme dans les contes de fées. Ce personnage est plus ou moins anthropomorphisé (ou bestialisé) en fonction des histoires. Le loup « incarne traditionnellement l’agressivité et la violence bestiale » ;
  • Utilisation du vocable de la morale et du droit ;
  • Mise à disposition de conseil et de numéros d’aide.
  •  L’objectif de ces quatres albums est de raconter la violence physique et psychique grâce à l’image.
  •  Bémol de l’autrice : Les deux ouvrages plus anciens évoquent l’inceste par connotation alors que « les deux albums plus récents proposent une qualification beaucoup plus claire de l’inceste ». Mai Lan Chapiron écrit « que le loup n’a pas le droit […] que c’est contraire à la loi ».

N.B. de la rédactrice : Petit Doux n’a pas peur de Marie Wabbes est-il un livre sur l’inceste ou sur l’agression sexuelle en général ? L’éditeur présente le livre ainsi :

« Petit Doux et Gros Loup jouent souvent ensemble, mais Gros Loup va quelquefois trop loin, et Petit Doux a peur… Un livre pour apprendre à dire non…

Petit Doux n’a pas peur a reçu le prix Unicef de littérature jeunesse en 2016. »

Anne-Claire Marpeau parle de « connotation de l’inceste » dans le cas de Petit doux, sans doute parce que Petit doux ne parle pas uniquement de l’inceste.

Consulter

Version vidéo de Petit doux n’a pas peur : https://www.youtube.com/watch?v=uJxD9EiejNo&ab_channel=Assmat%26Maman-Lecturespourenfants

Version vidéo du Loup :  https://www.leloup.org/