Quelles sont les conséquences de la division sexuée entre les groupes masculins et féminins sur leur sentiment d’inégalités de nature ?

La division sexuée est le fait que les tâches, les domaines soient séparés entre les individus selon leur sexe. Par exemple, à la maison, les femmes s’occupent souvent du ménage et les hommes du bricolage. Dans le monde du travail cela se concrétise dans l’exercice de professions différentes par les hommes et les femmes : ces dernières se dirigent davantage vers les métiers du « care », quand les autres sont plus nombreux dans les métiers du bâtiment. Cette division n’est pas innée, elle est le fruit d’une construction sociale et historique, elle varie selon les époques et évolue toujours aujourd’hui. Cette division n’est pas « égalitaire », certaines tâches, certains domaines sont plus valorisés (en terme de reconnaissance sociale, de rémunération) dans notre société, le plus souvent ce sont ceux occupés en majorité par les hommes.

Erving Goffman, L’arrangement des sexes, La Dispute, 2002.

L’étude des interactions entre les hommes et les femmes permet de rendre compte de la division sexuée organisée entre les groupes des hommes et des femmes. Les unes et les autres sont inscrit.e.s de fait dans des rapports sociaux inégalitaires. La manière dont est organisée notre société influence les individus et les conditionne systématiquement selon leur sexe, cela peut s’observer partout.

Erving Goffman décrit des groupes sociaux de filles et de garçons « ensembles et séparés », avec des cultures différentes impliquant des usages du corps spécifiques. Il montre également combien l’organisation sociale est entièrement construite sur cette dichotomie Homme/Femmes, renvoyant en permanence à cette division sexuée y compris dans des espaces comme celui des toilettes. Le message lancinant rappelant à ces deux groupes de genre leurs différences (rien qu’en matière d’habillement) imprime le quotidien et renforce la croyance en une distinction « naturelle ». Cet ordre des choses ainsi posé permet ensuite de justifier que la différence devienne un principe inégalitaire de hiérarchisation sociale avec la supériorité masculine comme valeur d’évidence (La valence différentielle des sexes : Françoise Héritier, Masculin, Féminin. la pensée de la différence, Paris, Odile Jacob, 1996 ).

Le message véhiculé par les pictogrammes des toilettes marque tantôt l’infériorisation des femmes en les associant à des handicapées, tantôt la séparation des sexes dans les usages. La signalisation des toilettes est le reflet de la division sexuée inhérente à notre société mais aussi un moyen de la produire en poussant à la séparation des femmes et des hommes, symboliquement mais aussi de manière pratique : la présence de table à langer uniquement dans les toilettes des femmes participe à reléguer systématiquement celles-ci aux tâches incombant aux soins des enfants. Aujourd’hui, cette réflexion mène un certain nombre d’endroits à remplacer ces pictogrammes par d’autres affirmant la mixité et l’égalité.