Sexage

Selon Colette Guillaumin « Cet antagonisme entre les classes de sexe recèle la nature spécifique de l’oppression des femmes : l’appropriation. Certes, l’appropriation physique directe n’est pas un rapport de pouvoir propre à l’accaparement de la force de travail des femmes, elle est opérante dans le système d’esclavage et de servage, mais elle s’en distingue cependant. En effet, s’il est possible de recouvrer sa liberté individuelle une fois affranchi de ses maîtres/esclavagistes, les femmes, quel que soit le lien d’asservissement qu’elles subissent, restent sous le joug du groupe des hommes en tant qu’épouse, sœur, fille… (Guillaumin 1992b, p. 85). Elles sont à la disposition des hommes pour entretenir leur force de travail mais aussi pour apporter les soins aux corps des enfants et des vieillards (qui dépendent des hommes dominants). Le corps féminin est, en prolongement, ‘naturellement’ utilisé comme matrice reproductrice de l’espèce en sorte que les femmes, confondues avec leurs corps, sont des outils. Cette appropriation généralisée des femmes dépasse le cadre économique capitaliste et familial patriarcal, ce qui distingue ses travaux de ceux de Christine Delphy (Delphy 1971). Le fait d’être marquée anatomiquement d’attributs génitaux féminins induit, par prétérition, une cession en bloc de l’individualité ‘femme’ à la classe des hommes. » (Ref. : NAUDIER Delphine, SORIANO Éric, « Colette Guillaumin. La race, le sexe et les vertus de l’analogie », Cahiers du Genre, 2010/1 (n° 48), p. 193-214. DOI : 10.3917/cdge.048.0193. URL : https://www.cairn.info/revue-cahiers-du-genre-2010-1-page-193.htm)