cecile brunsch

Cécile Kahn, dite Cécile Brunschvicg, née le  à Enghien-les-Bains (Seine-et-Oise) et morte le  à Neuilly-sur-Seine (Seine), est une femme politique et féministe française. Elle est nommée sous-secrétaire d’Etat à l’Éducation Nationale dans le premier gouvernement de Léon Blum en 1936. Son ministre de tutelle est Jean Zay. Elle est avec Suzanne Lacore et Irène Joliot-Curie la première femme d’un gouvernement français.

Le continuum des violences sexistes et sexuelles est un phénomène complexe et socialement généralisé. Le continuum des violences regroupe l’ensemble des inégalités et violences (physiques, sexuelles, psychiques, économiques, morales) subies par les filles et les femmes ou cours de leur vie, dans toutes les sphères de la vie sociale (famille, école, travail, rue, etc.). Ce continuum possède par conséquent quatre grandes dimensions :

  • Multiplication des formes des violences ;
  • Il est lié au genre ou à la sexualité ;
  • Il est présent tout au long de la vie ;
  • Il s’exerce dans différents lieux et espaces, qu’ils soient intimes ou publics.

Les différents types de violences peuvent à la fois se combiner et se cumuler. Ils sont interconnectés et se renforcent mutuellement. Le continuum des violences sexistes et sexuelles décrit les différents comportements violents se déployant sur un large spectre, allant de la violence verbale et émotionnelle à la violence physique et sexuelle, en passant par la négligence et l’abus psychologique. Pour illustration, un partenaire qui exerce d’abord un contrôle coercitif par des mots peut ensuite passer à des comportements physiques violents. Le recours fréquent à des formes distinctes de violences (insulte, harcèlement, agression sexuelle, violence conjugale, viol, inceste) vise à s’approprier le corps d’une personne (souvent une femme), sa sexualité et/ou sa sexualisation, dans un environnement socio-culturel qui banalise ou minimise (=banalisation des violences) les conséquences de cette appropriation, en raison de rapports sociaux inégalitaires et hiérarchisés (société patriarcale). Le continuum comprend par conséquent « tous les comportements qui visent à obtenir la soumission » (Jalna Hanmer, « Violence et contrôle social des femmes », Questions féministes, novembre 1977, p. 72). Ce continuum comprend les actes incriminés comme le viol ou l’agression sexuelle, les violences économiques mais aussi les comportements sexistes tels que les blagues misogynes ou encore certaines publicités utilisant le corps des femmes.

Dans la BD Amours en cendres (First éditions, 2022), qui est conçu comme un outil de lutte contre les violences conjugales, la bédéiste et féministe Anne Billows a illustré comment le continuum des violences contrôle, piège les femmes.

Le violentomètre : un outil pour comprendre le continuum de la violence et l’évaluer.

 

Pour aller plus loin :

Alpe Yves, Beitone Alain, Dollo Christine, Lambert Jean-Renaud, Parayre Sandrine, Lexique de sociologie, Paris, Dalloz, 2023 (4e éd.).

Becker Howard S., Outsiders. Études de sociologie de la déviance, Paris, A.-M. Métailié, Coll. « Observations », 1985.

Cohen Stanley, Visions of social control. Crime, Punishment and Classification, Cambridge, Polity Press, 1985.

Foucault Michel, Surveiller et punir, Paris, Gallimard, Coll. « Tel », 1993.

Hanmer Jalna, « Violence et contrôle social des femmes », Questions féministes, n° 1, novembre 1977, pp. 68-88.

Kelly Liz, Surviving Sexual Violence, Cambridge, Polity Press, 1988.

https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/10/12/dans-l-intention-de-rabaisser-et-de-controler-les-femmes-un-continuum-de-violences_6145482_3232.html

Mesure Sylvie & Savidan Patrick, Le dictionnaire des sciences humaines, Paris, PUF, 2006.

Ogien Albert, Sociologie de la déviance, Paris, Armand Colin, Coll. « Cursus », 1999.

Ogien Ruwen, « Sanctions diffuses. Sarcasmes, rires, mépris », Revue française de sociologie, Vol. 31, n° 4, 1990, pp. 591-607.

Agentivité :

Capacité à agir sur le monde l’agentivité est la traduction en français d’empowerment qui désigne le pouvoir d’agir lequel interroge notamment les pratiques d’émancipation féministes (Guétat-Bernard, Hélène, et Nathalie Lapeyre. « Les pratiques contemporaines de l’empowerment. Pour une analyse des interactions entre pratiques et théories, individu∙e∙s et collectifs », Cahiers du Genre, vol. 63, no. 2, 2017, pp. 5-22.)

« Le concept d’agency – d’agentivité ou de « capacité d’agir » en français – occupe une place centrale dans les théories féministes qui cherchent à travers elle à penser les modalités d’une société plus égalitaire dans ses rapports de genre. Elle fait en particulier l’objet d’une théorisation continue chez Judith Butler, qui depuis Trouble dans le genre, s’attèle à penser des stratégies permettant de subvertir les normes traditionnelles de la féminité et de la masculinité. » (Ref. Richard, Lucile (2018). Repenser l’agentivité féministe : relationalité, vulnérabilité et performativité chez Judith Butler. Doctorales 58, (actes n°5).).

Alexandra Mikhaïlovna Kollontaï, née le 19 mars 1872 à Saint-Pétersbourg et morte le 9 mars 1952 à Moscou, est une femme politique socialiste, communiste et militante féministe marxiste soviétique.

ANNIEERNAUXICONE

Annie Ernaux, née Duchesne le  à Lillebonne (Seine-Inférieure), est une professeure de lettres et écrivaine française. Le prix Nobel de littérature lui est décerné en 2022 pour « le courage et l’acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle ». Née dans un milieu modeste, elle passe son enfance et sa jeunesse en Haute-Normandie. Elle commence ses études à l’université de Rouen qu’elle poursuit à celle de Bordeaux. Elle devient successivement professeure certifiée, puis agrégée de lettres modernes en 1971. Elle enseignera jusqu’à la retraite, qu’elle prendra en 2000, afin de préserver son activité d’écriture des impératifs économiques.

Annie Ernaux fait son entrée en littérature en 1974 avec Les Armoires vides, un roman autobiographique. Elle obtient en 1984 le prix Renaudot pour La Place, également autobiographique. Son œuvre littéraire, pour l’essentiel autobiographique, entretient des liens étroits avec la sociologie, elle est traduite dans une cinquantaine de langues.

Ensemble des remarques et comportements qui vise à minimiser, normaliser ou ignorer la nature, la diversité des formes de violences (physiques, sexuelles, psychologiques ou économiques), et/ou les conséquences de violences subies par les femmes dans le cadre de la société patriarcale.

Cette banalisation peut se manifester de plusieurs façons :

  1. Minimisation des actes de violence : Les actes de violence contre les femmes sont souvent minimisés, par exemple en les qualifiant de simples « disputes conjugales » ou en les justifiant comme étant « normaux » dans une relation.
  2. Blâme de la victime : Les femmes victimes de violence peuvent être blâmées pour ce qui leur est arrivé, que ce soit en raison de leur tenue vestimentaire, de leur comportement ou de leur historique relationnel.
  3. Normalisation de comportements violents : Les comportements violents, tels que le harcèlement sexuel, le contrôle coercitif ou les agressions physiques, peuvent être normalisés dans certains contextes sociaux, ce qui rend difficile leur reconnaissance en tant que problèmes graves.
  4. Tolérance sociale : Une tolérance sociale envers les violences faites aux femmes peut se manifester par le manque de réaction ou d’intervention de la part de la société, des autorités ou même des proches de la victime.
  5. Médias et culture populaire : Les médias et la culture populaire peuvent véhiculer des représentations des violences faites aux femmes qui les banalisent ou les glamourisent, contribuant ainsi à une perception erronée de la réalité et à la normalisation de ces comportements.

Ce phénomène a été pointe par des auteurs et autrices tel.le.s que Judith Butler, bell hooks, et Raewyn Connell ont examiné les dynamiques de pouvoir et les structures sociales qui perpétuent la banalisation des violences à l’encontre des femmes. De nombreux rapport d’ONU Femmes en soulignent les dangers.

Exemple de campagne de sensibilisation contre la banalisation des violences envers les femmes.

Vidéo de 18 minutes illustrant, à partir de plusieurs exemples, ce phénomène de banalisation des violences sexistes et sexuelles dans le cadre universitaire. Certaines situations peuvent se retrouver dans d’autres contextes.

 

Pour aller plus loin :

Bates Laura, Men Who Hate Women (Les hommes qui détestent les femmes), Londres, Simon & Schuster, 2021.

hooks bell, The Will to Change: Men, Masculinity, and Love (La volonté de changer : les hommes, la masculinité et l’amour), Washington, Square Press, 2004. Présentation ici.

Katz Jackson, The Macho Paradox: Why Some Men Hurt Women and How All Men Can Help (Le paradoxe machiste : pourquoi certains hommes font du mal aux femmes et comment tous les hommes peuvent aider), Naperville (IL, USA) Sourcebooks, 2006. Présentation en anglais.

bellhookicone

Gloria Jean Watkins, connue sous son nom de plume bell hooks, née le  à Hopkinsville (Kentucky) et morte le  à Berea (Kentucky), est une intellectuelle, universitaire et militante américaine, théoricienne du black feminism. Elle s’intéresse particulièrement aux relations qui existent entre race, classe et genre, et à la production et la perpétuation des systèmes d’oppression et de domination fondés sur ces catégories.

Principalement à partir d’une perspective féministe et afro-américaine, bell hooks traite de nombreux sujets politiques, notamment de la race, de la classe et du genre dans l’éducation, l’art, l’histoire, la sexualité, les médias de masse et le féminisme.

benoite groult

Benoîte Groult, née le  dans le 8e arrondissement de Paris et morte le  à Hyères (Var), est une journaliste, romancière et militante féministe française.

« Le « prendre soin » d’autrui, dans les relations domestiques familiales ou professionnalisées, est bien connu pour être inégalement réparti entre les sexes. Mais impossible de faire le même constat pour l’ensemble du care, qui reste une notion floue, à géométrie variable, difficilement opérationnalisable dans une approche de sciences humaines. […] Au point de départ, un constat massif, le care n’est pas dispensé de façon uniforme par tous les groupes ou catégories de la population. Les femmes, surtout si elles sont étrangères, issues des classes populaires, plus jeunes ou moins diplômées, sont en charge de la plupart du travail de soin à autrui (et par soin j’entends la réponse aux besoins des personnes dépendantes et plus largement des proches et non pas l’activité professionnelle ou médicale qui ne constitue que la pointe émergée de l’iceberg) ; ce sont des soins d’entretien de la vie, non pas des traitements ou des soins de réparation. Effectuer la plus grande part de ce travail constitue bien une inégalité : c’est un travail gratuit ou mal rétribué, peu valorisé symboliquement ou économiquement, dévoreur de temps et d’énergie, qui limite l’autonomie des femmes et leur disponibilité pour d’autres activités ou dimensions de la vie. Ce constat d’inégalité massive est bien documenté. (Ref. : CRESSON Geneviève, « Le care : soin à autrui et objet de controverses », Travail, genre et sociétés, 2011/2 (n° 26), p. 195-198. DOI : 10.3917/tgs.026.0195. URL : https://www.cairn.info/revue-travail-genre-et-societes-2011-2-page-195.htm

« C’est la parution du livre « in a different voice » en 1982 de la psychologue américaine Carol Gilligan qui introduisit ce terme dans les débats sociétaux et politiques devenant par là-même le catalyseur des débats sur cette question. Pour Carol Gilligan le care « se définit par un souci fondamental de bien-être d’autrui et centre le développement moral sur l’attention aux responsabilités et à la nature des rapports humains. « Gilligan a mis en évidence l’existence d’« une voix morale différente », c’est-à-dire une façon différente de résoudre les dilemmes moraux, basée non pas sur les critères de la loi et de l’impartialité comme c’est le cas pour l’éthique de la justice, mais sur des critères relationnels et contextuels. D’autres auteures féministes, en particulier la philosophe politique Joan Tronto (1993, 2009), ont montré par la suite que cette « voix différente » n’était pas tant celle des femmes (ce que Gilligan n’a d’ailleurs jamais affirmé en tant que tel) que la voix de ceux ou plus souvent celles dont l’expérience morale est fondée dans les activités qui consistent à s’occuper des autres. » (Ref. : Noël-Hureaux Elisabeth, « Le care : un concept professionnel aux limites humaines ? », Recherche en soins infirmiers, 2015/3 (N° 122), p. 7-17. DOI : 10.3917/rsi.122.0007. URL : https://www.cairn.info/revue-recherche-en-soins-infirmiers-2015-3-page-7.htm).

Le « care » : radicaliser le féminisme, épisode de podcast disponible sur le site de l’institut du genre.