Modèles de rôles sociaux

Modèles de rôles sociaux : Erving Goffman montre comment la différence des sexes est mise en scène dans chaque situation quotidienne comme l’expression d’une prétendue nature. Toutes les interactions et les structures sociales sont régies par cette codification sociale de la complémentarité entre les sexes qui soutient et nourrit les conceptions que se font les individus à propos des sociétés. Claude Zaidman souligne ainsi que « le point central des analyses de Goffman porte sur l’observation des rapports entre hommes et femmes dans l’espace public, des interactions et de l’agencement liés à la coprésence corporelle des sexes : « Mon argument [a été] que les différences physiques entre les sexes sont en elles-mêmes très peu pertinentes pour les capacités humaines requises dans la plupart de nos entreprises. La question intéressante devient alors : comment, dans une société moderne, ces différences biologiques non pertinentes entre les sexes en viennent-elles à sembler d’une telle importance sociale ? » (Réf. : Erving Goffman, L’arrangement des sexes, Traduit par Hervé Maury, Présenté par Claude Zaidman, La Dispute, Paris, 2002, p. 31)

« A partir du début des années 1970, les chercheuses féministes vont multiplier les travaux relatifs à l’idée que les hommes et les femmes sont des catégories sociales et non pas des catégories naturelles, plus exactement que ce sont des catégories qui procèdent d’une mise en forme sociale d’un donné naturel.

Les travaux antérieurs centrés sur les femmes privilégiaient des approches en termes de condition féminine, expression renvoyant à un état prédéterminé, ou de rôles sexués. Certains d’entre eux, tout en utilisant cette terminologie avaient cependant montré les limites de ce type d’approche conceptuelle. […]

Dès la fin des années 60 la pertinence de ces problématisations en termes de rôles sera remise en cause, notamment de rôles conjugaux et la sociologie de la famille fortement imprégnée des conceptions normatives parsonniennes. La famille nucléaire parsonnienne reposait en effet sur la complémentarité d’un rôle instrumental dévolu à l’homme et d’un rôle expressif revenant à la femme. Le premier était censé assurer le lien avec la société globale et à pourvoir par son activité professionnelle à l’entretien des membres de sa famille. La seconde était chargée d’assurer par son travail domestique et sa présence permanente le fonctionnement quotidien de la famille et la socialisation des enfants.

Les a priori naturalistes sur lesquels repose cette vision seront identifiés de même que les rapports de pouvoir qui sous-tendent cette soi-disant complémentarité des rôles. Cette vision repose sur des a priori naturalistes et la pseudo complémentarité est en réalité sous-tendue par des rapports de pouvoir. » (Réf. : Rolland Pfefferkornh, Genre et rapports sociaux de sexe, Syllepse, 2016. p. 238-239)