Care

« Le « prendre soin » d’autrui, dans les relations domestiques familiales ou professionnalisées, est bien connu pour être inégalement réparti entre les sexes. Mais impossible de faire le même constat pour l’ensemble du care, qui reste une notion floue, à géométrie variable, difficilement opérationnalisable dans une approche de sciences humaines. […] Au point de départ, un constat massif, le care n’est pas dispensé de façon uniforme par tous les groupes ou catégories de la population. Les femmes, surtout si elles sont étrangères, issues des classes populaires, plus jeunes ou moins diplômées, sont en charge de la plupart du travail de soin à autrui (et par soin j’entends la réponse aux besoins des personnes dépendantes et plus largement des proches et non pas l’activité professionnelle ou médicale qui ne constitue que la pointe émergée de l’iceberg) ; ce sont des soins d’entretien de la vie, non pas des traitements ou des soins de réparation. Effectuer la plus grande part de ce travail constitue bien une inégalité : c’est un travail gratuit ou mal rétribué, peu valorisé symboliquement ou économiquement, dévoreur de temps et d’énergie, qui limite l’autonomie des femmes et leur disponibilité pour d’autres activités ou dimensions de la vie. Ce constat d’inégalité massive est bien documenté. (Ref. : CRESSON Geneviève, « Le care : soin à autrui et objet de controverses », Travail, genre et sociétés, 2011/2 (n° 26), p. 195-198. DOI : 10.3917/tgs.026.0195. URL : https://www.cairn.info/revue-travail-genre-et-societes-2011-2-page-195.htm

« C’est la parution du livre « in a different voice » en 1982 de la psychologue américaine Carol Gilligan qui introduisit ce terme dans les débats sociétaux et politiques devenant par là-même le catalyseur des débats sur cette question. Pour Carol Gilligan le care « se définit par un souci fondamental de bien-être d’autrui et centre le développement moral sur l’attention aux responsabilités et à la nature des rapports humains. « Gilligan a mis en évidence l’existence d’« une voix morale différente », c’est-à-dire une façon différente de résoudre les dilemmes moraux, basée non pas sur les critères de la loi et de l’impartialité comme c’est le cas pour l’éthique de la justice, mais sur des critères relationnels et contextuels. D’autres auteures féministes, en particulier la philosophe politique Joan Tronto (1993, 2009), ont montré par la suite que cette « voix différente » n’était pas tant celle des femmes (ce que Gilligan n’a d’ailleurs jamais affirmé en tant que tel) que la voix de ceux ou plus souvent celles dont l’expérience morale est fondée dans les activités qui consistent à s’occuper des autres. » (Ref. : Noël-Hureaux Elisabeth, « Le care : un concept professionnel aux limites humaines ? », Recherche en soins infirmiers, 2015/3 (N° 122), p. 7-17. DOI : 10.3917/rsi.122.0007. URL : https://www.cairn.info/revue-recherche-en-soins-infirmiers-2015-3-page-7.htm).

Le « care » : radicaliser le féminisme, épisode de podcast disponible sur le site de l’institut du genre.